Avant de commencer, j’apporte une petite précision : j’ai déjà pris des photos d’Etretat mais c’est rare.
J’habite pourtant à moins d’une heure de cette magnifique partie de la Côte d’Albâtre mais je n’y vais jamais.
La première raison, c’est qu’il y a beaucoup trop de monde. Ces dernières années, la fréquentation de cette petite commune de 1400 habitants a explosée.
En 2022, 1.2 million de touristes sont venus visiter Etretat. A une fréquentation habituellement élevée, s’est ajouté le succès de la série « Lupin » qui a attiré encore plus de monde.
Outre les problèmes de circulation et de stationnement c’est surtout la fréquentation excessive des falaises qui m’inquiète.
J’ai déjà suivi à plusieurs reprises le GR21 entre Bénouville et Etretat. La balade est très agréable avec de jolies vues sur l’aiguille de Belval notamment. Mais, à l’approche de la porte d’Amont (la falaise au nord), on commence à croiser plus de monde et le chemin se dégrade vite. Il est érodé par le trop grand nombre de personnes qui l’emprunte. Toute la zone est fragilisée. Et encore, c’est peut-être la partie la moins fréquentée. La falaise d’Aval étant la plus connue.
Quel rapport avec la photo de paysage ?
Tous ces touristes prennent des photos d’Etretat et les partagent sur leurs réseaux. Ce qui en incite d’autres à venir sur place.
En plus des photos de touristes, les photographes de paysage partagent régulièrement des photos des falaises. Il suffit de publier une photo d’Etretat pour voir son nombre de « j’aime » s’envoler. Certains lieux se sont retrouvés confrontés au surtourisme suite à des publications sur les réseaux sociaux.
C’est la raison pour laquelle, je ne publie pas de photos d’Etretat. Je ne souhaite tout simplement par participer à l’augmentation de la fréquentation même si je ne suis qu’une toute petite goutte dans cet océan de publications.
Pour en revenir à ma pratique de la photo, mon objectif est justement de sortir des sentiers battus. Je souhaite montrer à travers mes photos qu’il n’est pas nécessaire de se rendre sur des lieux célèbres pour faire de la photo. J’essaie aussi de faire passer le message, qu’il n’est pas indispensable d’aller loin pour faire de la photo. Tout est là, à portée de main. C’est pourquoi, dans la grande majorité de mes sorties, je me limite à un cercle de 1h de route autour de chez moi.
Une démarche environnementale
Cette pratique volontairement locale permet aussi de réduire mon empreinte environnementale. Je garde cependant à l’esprit que la pratique même de la photo et son partage en ligne est loin d’être vertueuse. Mais c’est déjà ça.
Au-delà de limiter les distances, je respecte les lieux que je visite : pas de déchets (il m’arrive d’en ramasser), je reste sur les chemins, pas de piétinement de zones fragiles, respect des interdictions… Je ne modifie pas la scène qui se trouve devant moi. Ça signifie que je n’arrache pas une plante qui me gêne, je ne déplace rien ni ajoute quoi que ce soit. Je ne suis pas prêt à tout et n’importe quoi pour obtenir une image. Si je n’ai pas la jolie feuille colorée sur le rocher au premier plan, je ne l’ajoute pas. Je cite cet exemple, car j’ai déjà entendu dire que certains le font. C’est peut-être pour ça que je trouve suspecte une photo où, par le plus grand des hasards, une jolie feuille est parfaitement placée sur un élément du premier plan.
Il s’agit pourtant d’une simple feuille, ça ne dérange pas grand chose. Puis, un jour, ça sera un caillou, une herbe, une branche et, à la fin, on fini par mettre en scène la photo tout en voulant faire croire que ça correspond à la réalité. Cette scène sera tellement idéalisée que d’autres voudront la reproduire et viendront à leur tour déplacer et piétiner. Tout ça pour partager sur les réseaux un scène vue et revue mais qui a toujours le même succès. Tout ça pour avoir son « shoot » de « j’aime ». C’est un autre sujet (un autre article peut-être ?)
Que l’on soit photographe de paysage ou d’animaux, la nature est notre studio. C’est grâce à elle que nous prenons plaisir à pratiquer la photo et à partager nos images avec d’autres passionnés. De ce fait, nous devons la respecter. La seule trace que nous devons laisser de notre passage ce sont des empruntes de pas. Et pas n’importe où !
Je suis aussi d’accord ! Certaines photos prises par des amis au hasard d’un coucher de soleil sur la plage du Havre sont plus belles que certains qui misent tout sur un environnement factice. C’est aussi pour ça que tes photos nous plaisent !
Merci beaucoup pour ton message !
Bonjour Sébastien, tout à fait d’accord avec toi. Car d’années en années les photos publiées par certains photographes reconnus sur YouTube font toujours les mêmes photos aux mêmes endroits et ils se suivent dans leurs déplacements. Si aux premières diffusions de ces vidéos nous pouvons être émerveillé, après x vidéos quasi identiques ça devient lassant. J’adore les paysages d’Ecosse, du pays de Galles et d’Angleterre, les couleurs sont magnifiques à mon goût et je préfère les 3 ou 4 photographes qui restent à me faire découvrir ces paysages que ceux tous les ans font les Îles Féroé, les Dolomites, l’ Antarctique etc…. Bonne journée à toi Sébastien.
Bonjour Laurent. Je partage ton avis. Ces destinations (îles Féroé, Dolomites…) sont magnifiques mais souvent inaccessibles au plus grand nombre ce qui entraîne un sentiment de frustration. Je préfère des endroits moins connus et moins fréquentés et montrer qu’il est tout a fait possible de prendre plaisir à les photographier. J’espère surtout, à travers mes photos et mes vidéos, donner envie à d’autres de se lancer, de partir à la découverte de ce coin juste à côté de chez eux et de le photographier.